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et, en se perdant au fond des arbres dont les branches nous couvraient, évoquait dans la feuillée des ombres fantastiques. Scène toute sauvage, mais d’un effet puissant.

Nous fîmes en cet endroit une halte qui ne dura pas trois jours, mais où nous tuâmes deux buffles, deux sangliers, trois caamas, un zèbre, un pallah, trois petites outardes, huit pintades, un pélican et deux aigles, sans parler de deux silures, poissons qui furent pris dans le Gombé.

La plus grande partie de la venaison ayant été boucanée, nous pouvions braver le désert ; et, le 7 octobre, je donnai l’ordre de lever le camp, au vif regret de mes amateurs de viande. Ils me firent prier par Bombay de rester un jour de plus. J’aurais dû m’y attendre. Chaque fois qu’ils pouvaient se gorger de nourriture, ils devenaient d’une paresse invincible.

L’ordre que je donnai au kirangozi de prendre sa trompe et de sonner la marche fut donc accueilli par un silence de mauvais augure. Les hommes allèrent chercher leurs ballots d’un air maussade. J’entendis Asmani grommeler entre ses dents qu’il regrettait beaucoup de s’être engagé à nous servir de guide.

Néanmoins, bien qu’avec répugnance, ils partirent. Je restai à l’arrière-garde pour activer les traînards. Au bout d’une demi-heure, je vis la caravane au repos,