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– Moi aussi je suis faible ; ce n’est qu’hier, et assez tard, que la fièvre m’a quitté ; vous le savez vous-même. Ne reculez pas devant ces Arabes, monsieur ! Rappelez-vous la race à laquelle vous appartenez ; vous êtes un blanc. Sélim, Bombay, Mabrouki, aidez M. Shaw à se mettre à âne, et marchez auprès de lui.

– Oh ! maître, maître, dirent les Arabes, laissez-le ; ne voyez-vous pas qu’il est malade ?

– Reculez-vous, messieurs ; rien ne m’empêchera de l’emmener ; il partira. En marche, Bombay ! »

Le dernier de mes hommes était sur la route. Notre demeure, si récemment pleine d’animation, avait déjà l’aspect triste et morne des lieux abandonnés. Je me tournai vers les Arabes, je leur dis un nouvel adieu, leur fis un dernier salut ; et je me dirigeai vers le sud, avec Sélim, Caloulou, Madjouara et Bilali, qui portaient chacun une de mes armes.

À peine avions-nous fait cinq cents pas que l’âne sauvage sur lequel était Shaw, aiguillonné par le rusé Mabrouki, fit une ruade, et envoya son cavalier, qui n’avait jamais été fort en équitation, piquer une tête à côté d’un buisson d’épines. Les cris perçants de maître Shaw nous firent accourir.

« Qu’y a-t-il mon pauvre camarade ? Êtes-vous blessé ?

– Oh ! miséricorde ! Je vous en prie, monsieur Stanley ; je vous en prie, laissez-moi retourner.

– À cause de cette chute ? Voyons, un peu de courage. Remontez sur votre âne, mon pauvre ami ; dites que vous avez la ferme résolution de venir, c’est le moyen d’en avoir la force. »