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Sélim est rétabli ; Shaw, également. Ce dernier a exprimé la ferme résolution de ne pas aller dans le pays de Djidji.

Ce soir, pendant que ma fièvre était dans toute sa force, il est venu me demander mes dernières volontés, et m’a proposé de les mettre en écrit : « car, a-t-il ajouté, d’un air sombre, les plus vigoureux d’entre nous peuvent mourir. » Je l’ai prié d’aller à ses affaires et de ne pas venir croasser autour de moi.

Il est dix heures ; ma fièvre a cessé. Tout le monde dort excepté moi. Je pense à ce que je dois faire, je réfléchis à ma position. Une tristesse inénarrable m’envahit ; c’est la désolation de l’isolement. Je ne trouve autour de moi ni sympathie ni intérêt. Shaw lui-même, un homme de ma race, auquel j’ai prodigué mes soins, a moins d’attachement pour moi qu’un petit nègre que j’ai adopté et nommé Caloulou.

Il faudrait plus de force que je n’en possède pour écarter les noirs pressentiments qui m’assiègent.

Mais peut-être ce que je nomme pressentiments n’est-il que l’effet des pronostics des Arabes ; l’impression due aux sinistres paroles de ces gens au cœur faux. Ma tristesse a probablement la même cause. Les ténèbres qui emplissent ma chambre, et que me fait voir la seule bougie qui m’éclaire, ne sont pas faites pour m’égayer. Je me sens comme entre deux murs de pierre, dans une prison sans issue.

Mais pourquoi me laisser prendre aux croassements de ces Arabes ? Un soupçon m’est déjà venu et se représente : il y a là quelque motif caché, Ne s’efforcent-ils pas de me retenir, dans l’espoir que je les soutiendrai