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MAROUSSIA

sions. Elle était calme et ne disait rien. Cependant ses yeux parcouraient la cabane avec une certaine inquiétude.

Semène Vorochilo et Andry Krouk, les mains liées derrière le dos, les jambes empêchées par des cordes solides, étaient debout dans un angle de la chambre. Danilo, les bras croisés, se tenait dans un autre. À l’exception d’une sentinelle qui barrait la porte, les soldats avaient disparu. Les officiers, attablés, leurs sabres au côté, leurs pistolets sur la table, buvaient et mangeaient, riaient et causaient gaiement.

Mais la petite Maroussia, où était-elle donc ?

La beauté des ciels ruthènes, l’éclat singulier et particulier de leurs astres, les profondeurs et les transparences de leurs azurs, sont une cause d’étonnement et d’envie naïve pour les rares Méridionaux qui visitent nos contrées.

La nuit, ce soir-là, était splendide. Maroussia, légère et silencieuse comme une ombre, avait disparu quelques instants après la rentrée de son père. Le regard de celui-ci, incompréhensible pour tout autre, lui avait-il appris ce qu’elle devait essayer de faire, ou n’avait-elle cédé qu’à sa propre inspiration ? Toujours est-il que ce fut alors qu’elle s’était glissée, inaperçue de tous, hors de la salle, et qu’après avoir passé, aussi impalpable que la pensée, au milieu des soldats et des chevaux qui cernaient la maison, elle avait atteint le jardin.