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LA PETITE MAROUSSIA.

plus pressé que de le fusiller ? S’il nous a échappé, ce n’est pas pour longtemps. Oubliez-vous que, depuis ce matin, nous courons comme des enragés sans boire ni manger, et que cela n’est pas sain d’avoir l’estomac vide ? Voyons, est-ce que cette maisonnette n’est pas agréable, et vous déplairait-il d’y faire un bon souper ? Après souper, nous n’en serons que plus dispos pour reprendre la chasse aux bandits. Dieu de Dieu ! mon cher, vous êtes rouge comme un coq ! As-tu oublié, malheureux, les recommandations du docteur : « Pas d’émotions, pas de colères, exercice modéré, repas réguliers ! » Et ta pauvre femme, qui m’a tant fait promettre de veiller sur toi et de te soigner comme un frère, elle serait dans un joli état, si elle avait pu voir dans quelles rages insensées tu te mets…

— Tais-toi, répondit l’homme à la figure rouge, d’une voix étranglée. Tais-toi, — et soupons. »

Et, se tournant vers Danilo :

« Tu as entendu ? Que tout ce qu’il y a de bon dans ton garde-manger soit dans deux minutes sur cette table… dans deux minutes ! et il donna sur la table un coup de poing à faire trembler la maison.

— Odarka, dit Danilo à sa femme, dépêche-toi. »

Odarka sortit emportant dans ses bras ses deux petits garçons ; l’aîné résistait, il ne voulait pas quitter son père.

Elle reparut bientôt les mains chargées de provi-