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MAROUSSIA

— Et puis, il était déjà parti !

— Où l’avais-tu vu ?

— À la foire des bœufs, seigneur, à Frosny.

— Avec qui était-il ?

— Avec un gros chien, seigneur, un gros chien noir, superbe, d’une très-belle race, qui aboyait comme les cent diables et qui…

— Imbécile ! chien toi-même ! Ce n’est pas du chien qu’il s’agit, mais du maître et des infâmes de votre espèce. Ce Zaporogue n’était pas seul sans doute, une bande de vauriens le suivait, hein ?

— Une bande de vauriens, seigneur, quelle bande ?

— Triple sot ! une foule d’hommes et de femmes couraient après lui ?

— Oui, seigneur, toute une foule. On se bousculait, on criait.

— Les noms ?…

— Quels noms, seigneur ?

— Les noms de ceux qui couraient après lui.

— Mais c’était la foule, seigneur, rien que la foule.

— Ah ! l’animal, la brute !

— Ne voyez-vous pas, dit l’autre officier, que ce paysan est un idiot ? vous perdez votre temps avec lui.

— Vous m’étonnez, mon cher, dit un autre officier qui était resté assis pendant toute cette scène. Pourquoi cette ardeur ? Est-ce que nous n’avons pas le temps de saisir ce garnement ? N’y a-t-il rien de