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LA PETITE MAROUSSIA.

ami. » Il prit un knout que portait un de ses soldats, un knout richement orné et ciselé à la poignée.

« Et ces deux-là, ces deux ivrognes, ces deux chiens, qu’est-ce que c’est ? »

Et pour mieux désigner les personnes, il cingla de son knout les épaules de Krouk, puis la figure de Vorochilo.

« Parleras-tu ? » cria-t-il en faisant un bond menaçant vers elle.

La femme fit un mouvement de recul, comme elle eût fait, si elle se fût trouvée face à face tout à coup avec une bête féroce. Mais, après un effort pour surmonter son horreur, elle répondit :

« Ce sont mes voisins, seigneur ; ils sont venus pour acheter des bœufs et s’étaient endormis en attendant mon mari absent.

— Oui, seigneur, nous sommes venus pour acheter trois bœufs à Danilo, dit Andry Krouk, qui finit enfin de s’éveiller. Oui, pour ces bœufs que nous avions promis de livrer demain, et nous ne trouvons pas maître Danilo à la maison ; jugez quel désappointement. — Eh bien, dis-je au compère (il montra Vorochilo qui, réveillé aussi, paraissait cependant ne pas pouvoir encore ouvrir tout à fait ses paupières), eh bien, dis-je au compère, le maître n’y est pas, c’est fâcheux. — Oui, répondit le compère, c’est fâcheux, il n’y a rien à faire. — Quelle mauvaise chance ! dis-je, mais que veux-tu ! il n’y est pas. — Oui,