Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
MAROUSSIA

sées, se pencha à travers les carreaux cassés, jetant dans tous les coins et recoins de la chambre des regards irrités et méfiants.

« Qu’as-tu à me regarder ? cria ce personnage ; pourquoi n’ouvres-tu pas ta porte ? Préfères-tu qu’on la jette à bas ? »

La maîtresse de la maison, ainsi interpellée, avait reculé d’un pas.

« Les enfants dorment, dit-elle, — et le fait est qu’ils dormaient encore, les innocents, — les deux hommes dorment aussi. Ne faites pas tant de bruit.

— Ouvriras-tu, sotte créature ? » vociféra la figure rouge.

La femme de Danilo, comme paralysée par la peur, ne fit pas un mouvement.

La porte était ébranlée sous les coups retentissants des assaillants, mais elle ne cédait pas.

L’homme à la figure rouge parvint à entrer de la moitié du corps par la fenêtre brisée, et dirigeant le canon d’un pistolet sur la poitrine de la maîtresse de la maison :

« Si dans une seconde ta porte n’est pas toute grande ouverte, cria-t-il, je t’abats comme une corneille. »

La femme de Danilo fit un pas vers la porte ; on eût dit une statue de pierre essayant d’obéir à un ordre qu’elle ne comprenait pas.

« Femelle maudite ! cria l’officier furieux. Mais