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MAROUSSIA

enfant ainsi qu’elle le fit, de quoi rassurer plus incrédule que saint Thomas lui-même.

« Où est ta mère ? demanda maître Danilo.

— Elle prépare le souper.

— Va lui dire que tes petits frères sont endormis. »

Maroussia se dirigea vers la porte, mais, au moment de l’ouvrir, elle s’arrêta subitement, prêtant l’oreille à un bruit étrange qui se faisait entendre du dehors. On eût dit une troupe de cavaliers galopant dans la direction de la maison. Rapidement le bruit grandit ; des cris, des imprécations se mêlaient déjà aux hennissements des chevaux. En un instant ce fut un tumulte comme celui qu’aurait pu produire l’arrivée à fond de train de tout un détachement ; des voix enrouées, des jurements se firent entendre.

La porte de la chambre s’ouvrit. La maîtresse de la maison, blanche comme un linge, apparut :

« Ce sont des soldats, un escadron, un régiment peut-être. Ils sont là…

— Il ne s’agit pas de perdre la tête, » dit Danilo.

L’envoyé de la Setch s’était levé, mais sans précipitation ; les autres en firent autant. Pas une parole ne fut prononcée, chacun réfléchissait.

La mère de Maroussia assura la fermeture de la porte, et, le dos appuyé contre le chambranle, elle attendit les ordres de son mari. Maroussia s’était placée à côté de sa mère. Ses lèvres avaient un peu pâli, mais son visage était calme.