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LA PETITE MAROUSSIA.

« Maroussia, lui dit son père, tu écoutais notre conversation ?

— Je ne voulais pas écouter, répondit Maroussia. Malgré moi d’abord j’entendais ; mais, après avoir entendu, j’ai écouté.

— Et alors qu’as-tu entendu, mon enfant ?

— J’ai tout entendu. »

Sa voix était admirablement timbrée.

« Dis-moi ce que tu as entendu, ma fille. »

Les yeux brillants de Maroussia se tournèrent vers l’envoyé de la Setch :

« J’ai compris qu’il était nécessaire que le grand ami de ce soir arrivât très-vite à Tchiguirine, et que pour le salut de l’Ukraine il fallait qu’il pût voir l’ataman.

— Tu as tout entendu, en effet, dit Danilo, et tout compris. Maintenant, écoute-moi, Maroussia. Ce que tu as entendu, tu n’en parleras à âme qui vive. Si quelqu’un t’interroge, tu ne sais rien. Comprends-tu ce que c’est qu’un secret ?

— C’est quelque chose qu’il faut garder à tout prix, dit l’enfant.

— Eh bien, dit le père d’une voix grave, tu es dépositaire d’un secret.

— Oui, père, » dit Maroussia.

Maître Danilo n’en dit pas davantage. Maroussia n’eut point à faire de promesse, mais il y avait dans ces deux paroles : « Oui, père, » prononcées par cette