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MAROUSSIA

purpurines, semblait seule entièrement absorbée par ses propres affaires. Elle prenait des brins de jonc dans son tablier et en tressait une jolie natte.

La soirée s’avançait, devenait de plus en plus sombre, de plus en plus calme. Tout le monde se taisait : la petite fille s’endormit, sa natte inachevée dans les doigts.

La nuit vint et les étoiles étincelèrent.

Tout à coup, on frappa à la fenêtre.

Ce fut si inattendu que personne n’en voulut croire ses oreilles ; mais on a frappé encore, et encore une fois, très-distinctement, très-fort.

Le maître de la maison se leva et marcha vers la porte pour l’ouvrir. Ses hôtes et amis allumèrent leurs pipes et se mirent à fumer. Un dernier coup plus sec, plus net, se fit entendre sur la vitre. Les fumeurs tressaillirent, les enfants se regardèrent. Danilo entr’ouvrit la porte.

« Qui frappe ici ? » demanda-t-il.

Une voix répondit, une voix ferme et mâle, qu’un voyageur égaré demandait l’hospitalité.

« Soyez le bienvenu, » dit Danilo ; et il ouvrit la porte toute grande, en invitant le voyageur à entrer.

On entrevit quelques étoiles, une fraîche bouffée de brise du soir pénétra dans la chambre chaude ; puis, sur le seuil, apparut un homme de grande taille, de si grande taille qu’il fut obligé de baisser la tête pour entrer.