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savent que d’autres le font. Ô Seigneur, ô Jésus, vous qui êtes notre vie et notre résurrection ! à quel point laissons-nous croître notre vanité et notre aveuglement ! Cependant si nous vous cherchions, si nous vous avions dans notre cœur, quel en serait le résultat pour nous ? Aucune parole humaine n’est en état d’exprimer la béatitude de ceux qui vous possèdent dans leur cœur. Vous êtes pour eux le pain qui les alimente, la boisson inépuisable, et en même temps le vêtement le plus brillant, le soleil, la paix de Dieu qui surpasse tout sentiment (Joan. vi. 63), un délice inexprimable, tout enfin, tout ! Auprès de vous, la terre et tout ce qu’elle renferme ne sont que pourriture et poussière.[1].

— Garde-toi, chrétien, d’oublier le Seigneur et de perdre la foi en Celui, qui constitue invisiblement ta vie, ta paix, ta lumière, ton souffle, c’est-à-dire en Jésus-Christ. Défie-toi de ton cœur s’il s’endurcit, s’il s’obscurcit, s’il devient incrédule et froid à cause du boire et du manger, à cause des distractions mondaines, ou enfin parce que tu laisses prédominer dans ta vie l’intelligence et non le cœur. — Si tu exerces l’intelligence au détriment de ton cœur, tu fortifies et ornes par là le filet, et tu laisses le chasseur dans la pauvreté et la misère. Ce chasseur, ce pêcheur, c’est ton cœur, et l’intelligence, c’est leur filet. Dans le repos, dans l’aisance, dans les plaisirs, la chair s’allume du feu de toutes ses passions et de tous ses désirs, au lieu que dans le besoin, dans la maladie, dans le malheur notre chair est meurtrie avec toutes ses passions mauvaises. C’est pourquoi la sagesse et la bonté de notre Père Céleste inflige à notre âme et à notre corps de rudes chagrins et de cruelles maladies, que nous devons non seulement supporter avec patience, mais dont nous

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