Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

péchés de la pensée dans un chrétien ne sont pas une chose insignifiante, parce que ce n’est que par les pensées, comme nous apprend saint Macaire d’Égypte, que nous pouvons plaire à Dieu, puisque les pensées sont le commencement, d’où proviennent les paroles et les actions. Les paroles ont leur portée, parce que ou bien elles apportent la grâce à ceux qui les entendent, ou, au contraire, elles ne renferment qu’un poison et ne servent qu’à séduire les autres, corrompant leurs pensées et leurs cœurs. Quant aux actions, elles sont encore plus importantes, car l’exemple est tout ce qu’il y a de plus contagieux ; il agit sur les hommes avec une force que rien n’égale.[1].

— L’antipathie, l’hostilité ou la haine ne doivent pas être connues, même de nom, aux chrétiens. Est-il possible que l’antipathie puisse exister parmi les chrétiens ? Nous voyons partout l’amour, nous en respirons partout le parfum. Notre Dieu est un Dieu d’amour, son règne est un règne d’amour. Par amour pour nous, il n’a pas épargné son Fils unique et l’a livré à la mort pour nos péchés (Joan. IV, 9). Chez toi de même tu vois l’amour dans ta famille, car ses membres ont reçu, par le baptême et la sainte onction[2], le sceau de la croix d’amour ; ils portent l’emblême de la croix et partagent avec toi à l’église la même Cène de l’amour. À l’église, nous trouvons partout les symboles de l’amour : les croix, les images des Saints qui ont mérité du Seigneur par leur amour de Dieu et du prochain, et enfin nous trouvons l’Amour lui-même incorporé dans les Saintes Espèces. Au ciel et sur la terre, l’amour est partout ; il adoucit le cœur, car il est Dieu, tandis que l’hostilité tue non seulement

  1. Page 106.
  2. La sainte onction (myropomazanie = τὸ μύρον ou τὸ χρίσμα) c’est-à-dire la confirmation.