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CHAPITRE IV

DE LA PÉNITENCE




§ I. — Du Péché


Chez l’homme charnel, toute sa vie, tous ses soins ont une tendance à un but charnel. Sa prière est charnelle, son enseignement et ses leçons sont charnels, charnels aussi ses écrits et ses compositions. Chaque pas qu’il fait, chaque parole qu’il dit, sont empreints du même caractère. C’est dans les appétits sensuels de l’homme charnel que se manifeste surtout sa vie ; c’est là que se trouve le vrai siège, le trône de l’homme charnel. Lorsque l’homme, avec l’aide de la grâce divine, veut se délivrer de l’esprit charnel, il commence par dompter ces appétits, il impose un changement à sa nourriture et cesse de vivre pour ses sens insatiables. Son cœur alors s’ouvre peu à peu à la foi, à l’espérance et à l’amour. Au lieu de mets choisis et de boissons variées, au lieu de riches toilettes, c’est Dieu, c’est l’âme, c’est la vie éternelle, c’est l’idée des tourments sans fin qui deviennent l’objet de toutes ses pensées et de toute son imagination. L’amour de l’argent et de la bonne chère, le goût de la toilette et du luxe intérieur de la maison, font place à l’amour de Dieu et du prochain, au désir d’habiter le ciel avec les Anges et les Saints. À la pensée du boire et du manger succède la soif de la parole divine, le désir de lire et d’écouter sans cesse l’Écriture sainte, d’assister à l’Office divin. Il comptait pour ennemis ceux qui mettaient des entraves à son bien-être matériel, mainte-