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ce feu terrible, et il tressaille d’une joie infernale à la vue de la perdition des âmes infortunées qui ont été rachetées par le sang de celui qui a écrasé sa puissance.[1]

— Pareil à une mère qui apprend à son enfant à marcher, le Seigneur nous apprend à avoir une ardente foi en lui. Voyez ce que fait la mère : elle place son enfant debout, le quitte, s’éloigne, puis lui dit de venir à elle. L’enfant reste seul, pleure, veut s’avancer vers sa mère, mais craint de faire un pas. C’est tout à fait ainsi que le Seigneur apprend au chrétien la foi (la foi est le chemin des choses spirituelles). Notre foi est tout aussi faible, tout aussi débile que l’enfant qui apprend à marcher. Souvent le Seigneur retire son secours et abandonne l’homme au démon ou à toute sorte de malheurs et d’afflictions pour nous convaincre de notre impuissance. Tant que nous ne sentons pas le besoin du salut, nous ne songeons pas à venir à lui. Mais quand nous avons absolument besoin de secours, alors il nous ordonne, pour ainsi dire, de regarder et d’implorer son secours. Alors le chrétien s’efforce de le faire, ouvre les jeux de son cœur (comme l’enfant qui essaie de faire un pas), il tâche de voir le Seigneur, mais le cœur, n’ayant pas appris à contempler Dieu, a peur de tant de hardiesse, trébuche et tombe ; l’ennemi et la perversion qui nous est innée lui ferment les yeux du cœur, au moment même où ils venaient de s’ouvrir ; ils l’éloignent du Seigneur, et il ne peut plus l’approcher. — Le Seigneur pourtant est là, non loin, prêt à l’enlever, pour ainsi dire, dans ses bras, il n’y a qu’à l’approcher par la foi, et dès qu’on fait un effort pour l’apercevoir entièrement des yeux de la foi et du cœur, il vous tend lui-même sa main pour vous secourir, vous place, pour ainsi dire,

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