Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvent dans la nécessité, ces biens ne servent qu’au préjudice de notre âme et de notre corps : de notre âme, — parce que la cupidité et l’avarice ferment l’accès du cœur à l’amour de Dieu et du prochain et font de nous des êtres égoïstes et repoussants qui ne songent qu’à leurs passions toujours croissantes ; au préjudice de notre corps, — parce que l’avidité qui fait le fond de la cupidité, mène au dégoût et altère prématurément la santé de l’homme[1].

— Le Seigneur aurait pu, s’il l’avait voulu, se créer un corps à lui avec la matière du monde, le ciel et la terre y compris, ou bien, en d’autres termes, il aurait pu, sans créer le monde, se créer un temple corporel. Or, ce n’est que dans le but de ton salut et après avoir créé le monde qu’il a daigné créer pour lui un corps pareil au tien en ne prenant qu’une parcelle de la matière pour s’en faire un corps prédestiné à ta régénération, laissant le monde tel qu’il l’a créé. Ô clémence et miséricorde divine ! Nous sommes de sa chair et de ses os (Eph. V. 30) par la communion de son saint et vivifiant Sacrement ![2]

— Le genre humain est un seul arbre immense qui croît sur toute la terre et dont les branches la recouvrent entièrement. Son ancienne racine pourrie — Adam déchu — est greffée, grâce à la sagesse et à la clémence de Dieu, d’une nouvelle tige vivante qui est Notre Seigneur Jésus-Christ, dont les chrétiens tirent leur origine, comme un rameau la tire d’un arbre entier. Les arbres vivent d’une vie terrestre et organique ; le monde chrétien vit de la vie du Christ, vie spirituelle et céleste. En conséquence, toutes les forces de notre âme, toutes ses facultés, doivent être envisagées comme les forces de Jésus-Christ lui-même. Nous avons

  1. Page 359.
  2. Page 60.