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Le Seigneur gardera non seulement tous les os (Ps. XXX, 21), mais même les images, les images des Saints et des justes, qu’il ne laisse pas périr dans la putréfaction, dans le mépris et l’abandon, mais qu’il glorifie par des miracles, comme nous le disent les récits sur les apparitions des images miraculeuses, surtout celles de la Très-Sainte Vierge, notre Reine du ciel et Mère de Dieu. Voilà à quel point l’image de l’homme, surtout d’un homme saint, cette coupe bénie de la grâce, est chère au Seigneur. Il opère par cette image des miracles et prodigue une force invisible qui guérit et qui console.[1].

Beaucoup d’entre nous se livrent souvent à la vanité, à des illusions insensées, à des moments où notre préoccupation aurait dû se porter sur ce qu’il y a de plus sublime, de plus important dans la foi ! Voyez cet homme : il reste là, devant les images de notre Seigneur, de la Sainte-Vierge, d’un Ange, d’un archange, d’un Saint ou d’un corps des Saints, et souvent au lieu de se sentir porté à la prière, au lieu de se détacher de toute préoccupation terrestre, le voilà qui fait mentalement ses comptes et calculs, qui énumère ses revenus et ses dépenses, qui se réjouit d’un bénéfice qu’il a su gagner dans telle affaire ou qui s’afflige d’un insuccès. Quant au profit ou à une perte de nature morale, il n’y songe même pas. Ou bien, il pense du mal de son prochain, et se plaît même à augmenter ses faiblesses, à le soupçonner, à l’envier, à l’accuser. Ou bien encore, pendant l’office divin, il se met à examiner les personnes environnantes, leurs toilettes, leurs traits, à chercher des yeux celles qui lui plaisent ou qui lui déplaisent, à faire des projets pour la journée qui commence, à penser comment il en disposera, chez qui il se rendra, où il ira s’amuser, et ainsi de suite.

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