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s’efforcent à tout moment d’enflammer les âmes humaines par le feu des passions les plus diverses. En agissant ainsi, nous cherchons nous-mêmes à rester dans ce feu de la géhenne, et si nous ne nous repentons pas, si nous ne devinons pas l’avenir dans la science du bien et dans celle du mal, nous serons condamnés avec le démon et ses anges aux tourments du feu. Ne nous laissons donc pas vaincre par le mal, mais soyons nous-mêmes les vainqueurs du mal par la force du bien. Misérables que nous sommes ! comment n’avons-nous pas appris jusqu’à ce jour à considérer tout ce qui est coupable comme un immense malheur pour notre âme, et à compatir sincèrement, de tout notre cœur, à ceux qui tombent dans ce malheur, en leur montrant tout l’amour dont nous sommes capables ! Pourquoi ne fuyons-nous pas le péché comme un poison, comme un serpent ? Pourquoi le souffrons-nous ? Pourquoi sommes-nous impitoyables envers nous-mêmes, au moment où nous le commettons ? Pourquoi ne fondons-nous pas en larmes devant le Seigneur qui nous a créés ?[1].

— Tu as l’habitude de te fâcher contre ton prochain, contre ton frère, et de dire : oui, un tel est un avare, un méchant, un orgueilleux ; ou bien tu dis : il a fait ceci et cela. En quoi toutes ces choses te regardent-elles ? C’est devant Dieu que ton prochain s’est rendu coupable et non devant toi. Examine-toi plutôt toi-même ; vois à quel point tu es coupable ; vois donc cette poutre qui est dans ton œil et quelle difficulté tu éprouves à lutter contre tes péchés et à les surmonter ; vois donc les souffrances qu’ils te causent, la solidité des filets dont ils t’entourent et la complaisance que tu aimes à trouver chez les autres pour tes faiblesses à toi. Ton frère est pourtant un homme qui te ressem-

  1. P. 314.