Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’agneau de Dieu, qui a pris sur lui les péchés du monde entier. Qui es-tu, toi, pour juger le serviteur d’autrui, à cause de ses péchés, de ses défauts, de ses vices ? S’il tombe ou s’il demeure ferme, cela regarde son Maître. (Rom. XIV, 4). Quant à toi, tu dois, selon la loi de l’amour chrétien, pardonner les défauts d’autrui. Tu dois tâcher de guérir le mal, la maladie de l’âme de ton prochain, car toute négligence, toute passion est une maladie ; tu dois les guérir par l’amour, par la tendresse, par la douceur, par l’humilité, ces mêmes remèdes que tu aurais désirés pour toi de la part des autres, si tu te trouvais dans le même cas. Or, qui de nous en est exempt ? Qui de nous est à l’abri des poursuites acharnées de l’ennemi ?[1].

— Nous devons surtout aimer notre prochain, lorsqu’il se rend coupable devant Dieu ou devant les hommes, car dans ce cas-là c’est un malade, son âme est souffrante et se trouve en péril, et c’est le moment où il faut réellement faire preuve de miséricorde : prier pour lui est appliquer à son cœur un baume salutaire, une parole bienveillante, instructive, persuasive, consolante, suppliante et remplie d’amour. Vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu même vous a pardonnés en Jésus-Christ. (Eph. IV, 32). Tous les péchés et toutes les passions, toutes les brouilles et disputes, sont véritablement des maladies de l’âme, et c’est comme telles qu’il faut les envisager. En d’autres termes toutes les passions sont un incendie de l’âme, un feu violent et impétueux au dedans, un feu sortant des abîmes de l’enfer. Il faut éteindre ce feu avec l’eau de l’amour, qui possède la force d’apaiser toute flamme infernale, composée d’animosité et d’autres passions. Mais malheur, malheur à nous et à notre amour-propre, si nous devenons par là les auxiliaires des esprits du mal, qui

  1. Page 346.