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— Tout ce qui constitue mon moi (c’est-à-dire mon âme), vit uniquement de Dieu et vit tant que son union avec lui persiste ; séparé de lui, la souffrance m’envahit. Mais la vie de mon âme consiste dans la paix et l’harmonie de mes forces spirituelles et cette paix procède exclusivement de Dieu. Il y a encore, il est vrai, la paix de la chair, mais c’est une paix illusoire, l’avant-coureur d’un orage spirituel. Au sujet de cette paix le Seigneur s’exprime ainsi : lorsqu’ils diront (les hommes) : paix et sécurité ! alors une ruine soudaine les surprendra (Col. V, 3). Mais la paix spirituelle, qui procède de l’Esprit de Dieu, diffère de la paix charnelle, comme le ciel de la terre. Elle est céleste, elle remplit le cœur de félicité. La paix soit avec vous, disait souvent le Seigneur à ses disciples, en leur enseignant sa paix, et les apôtres de leur côté enseignaient aux croyants la paix du Seigneur et la leur souhaitaient avant tout, parce que cette paix constitue la vie de notre âme, car elle prouve son union avec Dieu. L’absence de la paix de l’âme, la révolte qui distingue tous les états passionnés de notre âme, c’est la mort spirituelle et l’effet le plus ordinaire de l’action de l’ennemi de notre salut dans notre cœur.[1].

— En parlant de deux personnes dont l’une protège la seconde, on dit ces mots : il l’aime ! Et celui qui a su acquérir la protection et la bienveillance de la première, — disons de son supérieur — le sait et l’aime aussi de son côté. Les mêmes rapports ont lieu entre Dieu et ceux des hommes qui le servent avec un cœur pur. Le cœur de ces hommes aime toujours Dieu et Dieu les aime à son tour. Il doit en être de même pour la prière de chaque chrétien : quand nous prions, nous devons absolument sentir l’amour de Dieu dans notre cœur. Nos bonnes et sincères relations avec nos sem-

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