Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tes péchés, ce qui ne sera que juste et vrai. Mais quant aux autres, sois charitable pour eux, estime-les et aime-les malgré leurs péchés, pour l’amour de Dieu, qui nous a commandé d’estimer et d’aimer tous nos semblables ; au nom de Dieu dont ils portent l’image, même quand ils se trouvent dans l’état du péché, au nom de Jésus, dont ils n’ont pas cessé d’être les membres[1].

— Cultive au-dessus de tout et conserve toujours la douceur et la bonté chrétienne, la paix et l’amour de tes frères. Étouffe en toi autant que tu peux les élans de l’amour-propre, de la colère, de l’emportement et de la susceptibilité. Ne te laisse aller ni à l’impatience, ni à la colère quand on te jette en face un mensonge ; quand on te fait une injustice quelconque ; quand on te dit une parole blessante, et si on blâme ouvertement une de tes faiblesses ou une de tes passions, que tu ne remarques même pas à cause de ton amour-propre. Examine de sang-froid les paroles de ton interlocuteur, pèse bien tes propres paroles, tes actions, et si tu les trouves justes, après un examen impartial, reste tranquille dans ta conscience et ne fais aucun cas de tout ce qui t’a été dit. N’essaie pas de rétorquer les paroles de ton interlocuteur, ou si tu veux lui prouver qu’il a tort, fais-le paisiblement, avec bonté et douceur. Mais si tu trouves que le tort vient de ta part, mets de côté ton amour-propre et ton orgueil, avoue ta faute et tâche de t’en corriger à l’avenir. Il nous arrive souvent de nous fâcher contre des personnes au cœur franc et ouvert qui nous révèlent sans détour nos erreurs. Il faut savoir estimer ces hommes et leur pardonner leur langage hardi, s’il blesse notre amour-propre. Les hommes de cette trempe sont, moralement parlant, des médecins qui, d’une parole tranchante,

  1. Page 336.