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Grande Duchesse Alexandra Josephowna ; mais à peine l’avait-il terminée, qu’il fut appelé au plus vite auprès de l’Auguste Malade qui était pris de suffocation. Lorsque le Père entra, il vit l’Impératrice assise à côté de son époux, le Grand Duc héritier et sa fiancée placés en face du malade et lui faisant respirer de l’oxygène. On invita le Père Jean à prier. Celui-ci récita en toute piété les prières pour l’Auguste Malade et demanda ensuite à l’Empereur la permission d’oindre avec de l’huile bénite les parties malades de ses pieds. Quant à l’extrême onction ou à la communion, elles ne lui furent plus administrées ce jour-là, car dans la matinée l’Auguste Malade ayant exprimé le désir de recevoir le Saint-Sacrement, l’Archiprêtre de la Cour, le R. P. Jean Yanicheff, venait de le faire.

Quand le Père Jean eut fini les onctions, Sa Majesté le pria de placer ses mains sur sa tête ; et quelque temps après, l’Empereur, qui se trouvait en pleine connaissance, lui dit de se reposer, à quoi le Père répondit qu’il ne sentait aucune fatigue. — « Mes mains, lui demanda alors le Père Jean, que je tiens depuis longtemps appuyées sur votre tête, ne fatiguent-elles pas votre Majesté ? » — « Au contraire, répondit l’Empereur, je me sens mieux pendant que vous les tenez ainsi ». Puis le malade lui dit encore : — « Le peuple russe vous aime ». — « Oui Sire, répondit le Père, votre peuple m’aime en effet ». — « C’est parce qu’il sait, reprit l’Empereur, qui vous êtes et ce que vous êtes ». — « Il se peut, écrit le Père Jean, que l’on trouve trop hardi de ma part de redire ces paroles