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l’Empereur répéta distinctement et d’une voix émue chaque parole de la prière et communia avec un pieux et profond recueillement ; une larme d’attendrissement tomba de ses yeux. Sa Majesté éprouva une grande consolation par l’effet de la grâce divine. Il était 9 h. du matin lorsque le Père Jean se retira.

Le 18 octobre, l’état du malade s’étant aggravé, le Père fut de nouveau invité par l’Impératrice et l’héritier à venir prier pour le malade, ce qu’il fit dans une chambre adjacente devant une image de la Sainte Vierge avec l’enfant Jésus. Toute la famille impériale était présente et priait à genoux en versant des larmes. Enfin, le 20 octobre, de grand matin, le Père Jean fut invité pour les 8 h. chez le Grand Duc héritier. Arrivé au palais, à l’heure fixée, il ne trouva pas Son Altesse dans ses appartements, car elle avait été appelée des 7 h. chez l’Empereur qui commençait à éprouver de violents accès de suffocation. Tous les enfants de l’Empereur furent appelés auprès de lui ; quant à l’Impératrice, elle s’y trouvait déjà depuis longtemps.

Dès le soir le temps avait changé. Le baromètre tomba sensiblement, l’air devint froid, une tempête s’éleva, la mer mugissante roulait d’énormes vagues. Ce changement de temps exerça une funeste influence sur l’état de l’Auguste Malade, dont les forces baissaient à vue d’œil, tandis que la respiration s’accélérait. Ayant longtemps attendu en vain le Grand Duc héritier pour recevoir ses ordres, le Père se décida à aller à Oryanda, où il devait dire la sainte messe, selon le désir de la