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la sévérité possible notre cœur impur, et nous verrons quelle masse d’impuretés encombre les abords de ce cœur et empêche la grâce divine d’y pénétrer. Nous comprendrons alors que, sous le rapport de la vie morale, nous ne sommes que des êtres morts.[1].

— Ne nourris pas ton corps avec abondance, ne lui prodigue pas des caresses, ne fais pas ce qui lui fait plaisir et ne lui donne pas des armes pour se révolter contre l’esprit. Sinon à un moment, donné, lorsque tu devras travailler en esprit, par exemple prier ou composer un écrit moral ou religieux, tu verras à quel point ta chair aura envahi l’esprit, à quel point elle l’aura lié aux mains et aux pieds : elle détruira tous les élans de ton esprit et ne le laissera ni se redresser, ni reprendre sa vigueur. L’esprit sera devenu l’esclave de la chair.[2].

— L’aumône n’a de mérite et de valeur pour l’âme qu’autant qu’elle est accompagnée d’efforts pour nous corriger de l’orgueil, de la haine, de l’envie, de l’oisiveté, de la paresse, de la gourmandise, de la fornication, du mensonge, de la fraude et d’autres péchés. Mais si l’homme néglige de corriger son cœur et compte sur son aumône pour tout racheter, il se trompe singulièrement, car ce qu’il érige d’une main, l’autre le détruit.[3].

— L’aumône donnée à contre-cœur est sans fruit pour celui qui la donne, parce que la partie matérielle de l’aumône n’appartient pas à ce dernier, étant un don de Dieu. Seul le mouvement du cœur lui appartient. C’est pourquoi il y a bien des aumônes qui ne peuvent être attribuées qu’à la vanité, ayant été données de

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