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donc agir si nous voulons servir le Seigneur en toute loyauté ? Nous devons crucifier notre chair avec ses passions et ses convoitises, la regarder comme un néant méprisable et envisager de même tout ce qui flatte, tout ce qu’elle aime : les plaisirs, l’argent, les toilettes, les maisons, les attelages, toutes ces choses ne doivent être pour nous que poussière, ordure, pourriture, comme elles le sont d’ailleurs en réalité. L’amour seul doit être pour nous le bien le plus précieux ; lui seul doit nous diriger dans nos sacrifices, nous dominer, nous inspirer nos sympathies et nos antipathies.[1].

La confession doit être pratiquée souvent, afin de flageller, de fustiger nos péchés, en les avouant avec franchise, et pour en concevoir une aversion profonde. Songe à l’abîme dans lequel l’homme se trouve précipité par l’audace de son péché ; songe à tout ce que le fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, a fait pour nous sauver. Rappelle-toi son incarnation, sa mortification volontaire, sa bonté pour les hommes, ses sermons et ses paroles, ses miracles, les insultes, les railleries, les injures, les crachats, la flagellation, les soufflets qu’il a subis, enfin l’infâme supplice auquel il a été condamné, sa mort sur la croix, son tombeau et sa résurrection. Rappelle-toi ce qu’il a fait pour nous délivrer des peines éternelles et ce qu’il exige de toi pour tant de sacrifices. Il exige que tu te donnes à lui entièrement, que ta vie se passe non comme tu veux, mais comme il veut, que tu obéisses à ses commandements. Évite donc tout ce qui nous entraîne au péché, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil qui règne dans ce bas monde. Crucifie ta chair avec toutes ses passions et tous ses désirs, cultive la patience, comme une condition indispensable pour

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