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cation. La gratitude suppose dans l’âme de celui qui a reçu un bienfait la plénitude d’un libre et vif sentiment, qui s’épanche librement de sa bouche : car la bouche parle de l’abondance du cœur. (Math. XII, 34.) La glorification suppose l’extase et l’admiration dans celui qui contemple les œuvres de la clémence infinie, de la sagesse suprême et de la toute puissance de Dieu dans le monde moral et matériel. Elle doit donc naturellement se produire aussi d’une manière entièrement libre et raisonnée. En général, la prière doit constituer un épanchement libre et librement conçu de notre âme devant Dieu. C’est devant le Seigneur que j’épanche mon âme (I Reg. I, 15)[1].

— Moi aussi j’offense à tout moment le Seigneur. Je l’offense non seulement en esprit, mais aussi en action. Je me rends coupable en esprit par mes péchés, en action, par l’usage des dons matériels qu’il me donne gratuitement, tels que la nourriture dont je me nourris, l’argent dont je dispose, le vêtement que je revêts, l’air que je respire, la chaleur et la lumière dont je jouis, tout le nécessaire enfin de mon existence. Comment ne pardonnerais-je pas à ceux qui m’offensent en esprit et en action, puisque le Seigneur me pardonne mes offenses sans nombre ? Comment ne partagerais-je pas gratuitement avec mes semblables les biens gratuits et innombrables dont le Seigneur me comble ? C’est lui qui éclaire mon intelligence et mon cœur ; c’est lui qui remplit mon âme de paix et de joie, lui qui me donne les connaissances les plus variées, à qui je dois tout jusqu’au souffle d’air que je respire. Si j’agissais autrement je serais un monstre. Or, nous sommes tous un seul corps ; chacun de nous est un membre de ce corps, et comme tels, nous sommes liés d’une union intime. Il en est de même du corps social.

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