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l’apprenti.

l’air était ainsi parfumé, il sentait souvent, après une longue journée de travail, le désir d’aller respirer dans les vignes ; mais, quelque innocents, quelque permis qu’eût été ce plaisir, il avait le plus souvent le courage d’y renoncer. Les jours donc où la gaieté du temps l’invitait à sortir, il prenait ses livres ou son carton à dessin et s’asseyait pour travailler sur un petit banc placé à la porte d’Odile Ridler. Il apercevait de là une échappée de campagne, il respirait un air plus frais, entendait le gazouillement de quelques oiseaux citadins, et pour lui, habitué à une réclusion continuelle, c’était du bien-être et de la joie.

Le soir dont nous parlons, Frédéric était assis à sa place ordinaire ; il travaillait avec ardeur, car le jour baissait, et il voulait achever, avant la nuit, le dessin commencé.

C’était l’épure d’une des machines les plus compliquées de la maison Kartmann. La respiration de quelqu’un qui se penchait sur son épaule l’arracha tout à coup à son application : il releva la tête et aperçut un étranger qui regardait très-attentivement son dessin.

— Dans quelle fabrique se trouve la machine que représente cette épure ? lui demanda-t-il.

— Dans celle de M. Kartmann, répondit Frédéric.

— Et comment avez-vous pu vous la procurer ?

M. Kartmann me permet de partager les leçons de ses fils.