Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
au bord du lac.

chargés de ce qu’ils ont pu dérober aux flammes, puis par les soldats du sire de Flavi, qui les poursuivent et les dépouillent. Le Père Cyrille se rappelle alors la menace du gouverneur, et comprend la cause du désastre ; mais une pluie de cendre et de charbons embrasés l’oblige à rebrousser chemin ; il trouve une ruelle solitaire, s’y précipite avec Remy, et tous deux gagnent la campagne.

Ils ne s’arrêtèrent qu’à la lisière d’un fourré épais, qui leur assurait une retraite. Là, le moine haletant cria : — Assez ! regarda derrière lui pour s’assurer qu’ils n’étaient point poursuivis, puis se tourna vers Remy.

— Ah ! Dieu vient de faire pour nous un miracle, dit-il.

— Mon père ! s’écria celui-ci, ému de joie.

— Qu’il soit béni de t’avoir sauvé ! reprit le moine en se signant avec une expression d’ardente reconnaissance ; nous devons ce bonheur aux soldats qui ont mis le feu à la rue pour que l’incendie donnât quittance à leurs officiers. Du reste, le thème l’avait annoncé : Mars nous protège !… Seulement n’oublions pas que nous avons toujours contre nous le Taureau !

Ils se remirent en marche à travers le fourré, suivirent le Serein jusqu’à ce qu’ils eussent trouvé un gué, puis se dirigèrent vers la Cure. Ils marchèrent pendant le reste de la nuit et pendant une partie du jour suivant ; enfin, près de Vermanton, la fatigue les força de s’arrêter.