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au bord du lac.

Il avait de nouveau fait remplir son hanap qu’il commençait à vider, lorsque le frère Cyrille et Remy s’approchèrent. Il s’arrêta à moitié de la libation.

— Eh bien, qu’est-ce que c’est ? s’écria-t-il ; d’où nous viennent ce frocard et ce jeune drôle ?

Puis, comme s’il se fût tout à coup rappelé :

— Ah ! je sais, reprit-il, encore des espions de Bedford ? Qu’ils payent rançon, sang Dieu ! qu’ils payent rançon ou qu’on les pende.

— Très-bien ! dit le moine résolument ; mais aucun de nous, messire, n’a mérité d’être rançonné ni pendu ; loin d’être des messagers de Bedford, nous sommes de vrais Francs.

— Ah ! tu me donnes des démentis, toi ! reprit le gouverneur en lançant au moine un regard de travers. Sang Dieu ! tu crois peut-être que ta robe me fera peur ?

— Je crois seulement qu’elle me fera respecter, reprit Cyrille avec fermeté, car c’est la livrée d’un serviteur de Dieu !

— Par le ciel ! peu me chaut que ce soit de Dieu ou du diable ! s’écria le seigneur. Qui es-tu ? d’où viens-tu ? que cherches-tu ici ? voyons, réponds sans ambages, ou toi et ton jeune gars, je vous fais brancher à l’un des arbres de la grande place, aussi vrai que je me nomme messire de Flavi !

Remy et le Père Cyrille firent un mouvement.

— De Flavi ! s’écrièrent-ils ensemble.

Le gouverneur les regarda en face.