Cette inoubliable suite de Contes Épiques qui sont de vrais chefsd’œuvre de composition, de fermeté, et de pureté de langue ! Catulle Mendès, autant que les plus illustres de ses contemporains, ne vous fait-il pas ressentir toutes les douloureuses impressions de l’âme moderne, toutes les nostalgies des Soirs moroses, qui nous poursuivent de leur charme indéfinissable et maladif ? N’a-t-il pas poussé de ces grands cris qui retentissent longuement dans votre cœur… Dans ses innombrables sonnets, ne vous a-t-il pas ébloui par les enluminures de sa fantaisie, par le précieux fini de ses strophes ?… Oui, il faut le dire bien haut, après les glorieux maîtres qu’il a vénérés, l’auteur des Contes Épiques a des émules, mais aucun ne lui est supérieur[1] ».
C’est bien l’impression que donnent les envois de Mendès aux trois Parnasses. Dès le premier tome, celui de 1866, il donne un chef-d’œuvre de virtuosité parnassienne, L’Absente :
C’est une chambre où tout languit et s’effémine ;
L’or blême et chaud du soir, qu’émousse la persienne,
D’un ton de vieil ivoire ou de guipure ancienne
Apaise l’éclat dur d’un blanc tapis d’hermine.
Plein de la voix mêlée autrefois à la sienne,
Et triste, un clavecin d’ébène, que domine
Une coupe où se meurt, tendre, une balsamine,
Pleure les doigts défunts de la musicienne.
Bat le pouls d’une blanche horloge en porcelaine,
Et le clavecin noir gémit, quand l’heure tinte.
Comme forme, c’est très curieux : le premier vers indique la recherche d’art :
C’est une chambre où tout languit et s’effémine…
et, en effet, les rimes elles-mêmes sont uniquement féminines. Un
ennemi de Mendès dirait que c’est une mièvrerie : soit, c’est un
bijou en filigrane, mais c’est un bijou. On peut ne pas aimer Mendès,
ne pas l’estimer même, mais il faut reconnaître qu’il a un talent
de premier ordre, et aussi qu’il sait fort habilement le mettre en
valeur : disposant de la mise en pages du volume, il a l’idée ingénieuse,
au Parnasse de 1869, de mettre son envoi entre Charles
- ↑ Annales, ibid.