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LES EMBELLISSEMENTS

Se lisaient sur la pierre, et de ces dieux mortels
La Grèce, avec orgueil, desservait les autels ;
Leur trépas fut sacré : le cénotaphe austère
Apprit à rendre hommage aux héros de la terre ;
Et dans le Panthéon l’encens religieux
Fuma pour le grand homme ainsi que pour les dieux.
Les Grecs nous ont légué leur noble idolâtrie :
Les tombeaux parmi nous trouvent une patrie.
Aux approches du soir, l’Imagination
M’appelle sous les murs du nouveau Panthéon :
Le Triomphe et la Mort en habitent l’enceinte ;
Là, de Montébello, dort la dépouille sainte ;
C’est là que, tout pensif, le jeune homme ignoré,
Du besoin de la gloire en secret dévoré,
Se promène au milieu des monuments funèbres :
« Héros, qui n’êtes plus, dit-il, ombres célèbres,
» Je ne sais quelle voix m’appelle parmi vous ;
» Oui, je m’affranchirai de mes destins jaloux ;
» La Renommée enfin m’ouvrira ses annales ;
» Mes cendres, quelque jour, de vos cendres rivales,
» Réclameront leur place en ce temple de deuil,
» Où l’Immortalité veille près du cercueil. »