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Pour me pencher vers toi si j’ai pris ta couleur,
Viens prendre mes parfums, ô ma céleste fleur.
Je t’aime ! et je voudrais, sous ces rameaux, t’entendre
Me dire ton secret avec ta voix si tendre.
Je voudrais, plaignant ceux qui souffrent au désert,
Comme au livre béni lire en ton cœur ouvert !


SÉMIDA.


Ah ! laisse-le toujours se fermer sur sa peine :
C’est un parfum aussi que la plus faible haleine
Même des vents du ciel eu poison changerait.


MADELEINE.


Ce matin, ô ma sœur ! quand ta viole pleurait,
On dit qu’à ces soupirs, au pied d’un mélodore,
Un nom mystérieux que ta langueur adore,
Se mêlait doucement et puis venait dormir
Sur les fils enchantés qu’il avait fait gémir.
Oh ! par quels souvenirs serais-tu donc liée
À la terre d’exil de nous tous oubliée ?
La terre, Sémida, qu’avait-elle à t’offrir ?
Était-elle plus belle au moment de mourir ?
Avait-elle gardé pour son heure dernière
Sa plus douce verdure en son sein prisonnière ?
Mis un manteau d’azur plus riche au firmament ?
Comme l’âme du juste au suprême moment,
Pour faire à son Seigneur une plus riche offrande,
Était-elle plus calme, et plus pure et plus grande ?
Ornait-elle son front de lys plus éclatants ?
Chantait-il plus d’oiseaux à son dernier printemps !
Rendait-elle en mourant à Dieu, son père auguste,
Ce triple de parfums que rend l’Ame du juste ?