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Sur sa douce tristesse épanchent leur pitié.
Venez, vierges ! venez baiser sur sa poitrine
Cette petite croix d’or et de saphyrine,
Que souvent son regard a cru voir resplendir,
Et jusqu’au Saint des Saints dans l’infini grandir !
Anges et séraphins ! oh ! que l’amour vous guide
Vers cet enfant d’Éden que Éden intimide.
Accoutumez ses yeux à vous voir, sans effroi,
Jusqu’à ses pieds distraits baisser vos fronts de roi ;
A ne plus se tourner, quand le jour vous inonde,
Astres désenchantés, vers l’ombre où fut le monde..
Venez dans tout l’éclat de sa sainte fierté,
Sans craindre de flétrir la fleur d’humilité !
Vengez l’hymne éternel qu’elle écoute sans charmes,
L’orgueil du Paradis insulté par ses larmes ;
Sous son regard ouvert à la nuit du passé,
Vengez le jour divin autour d’elle éclipsé !
A la terre d’exil comparez la patrie.
Dites-lui, sans blesser sa molle rêverie,
Combien, s’il veut aimer, son cœur pur aimera,
Sous les rameaux penchés de vos grands bois d’amra ;
Combien est embaumé d’aloès et de rose,
Pour Je sommeil d’un ange un palais d’argyrose !
Balancez sur ses nuits, dans vos écharpes d’or,
Des songes plus légers qu’un vol d’alexanor.
Dites-lui que vos cieux, blanche et mystique enceinte,
Ne sont pas trop étroits pour l’âme d’une sainte ;
Que votre soleil seul peut lui verser le jour,
Que les souffles de Dieu parfument votre amour.
Oh ! dites-lui combien, dans sa brillante voie,
Peuvent germer d’épis pour vos moissons de joie ;
Et sous les balsamiers, sous l’héliante en fleurs,