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D’un vol plus languissant, le beau cygne éthéré,
Sur les fleurs de l’aster brille et plane enivré,
Et se plaît à mêler, dans la nuit printanière,
Aux baisers de parfums les baisers de lumière.
Baisers mystiques ! nœuds invisibles et doux !
De leurs enchantements le rossignol jaloux,
Sur le rameau qu’il aime en conquérant se pose :
Aux regards d’une étoile il a caché la rose.
Et l’adonis s’entr’ouvre à l’astre éblouissant,
Qui s’abreuve d’amour dans sa coupe de sang ;
Et l’obscur nictantès tressaille, et s’évapore
En caresses d’encens qu’il refuse à l’aurore.
Et l’osmonde rougit dans le vallon dormant,
Sous les rayons émus de son céleste amant ;
Et la terre complice abandonne sans voiles
Son firmament de fleurs au firmament d’étoiles ;
Excepté les faveurs du tournesol vermeil,
Dont l’amour dédaigneux ne répond qu’au soleil.
Combien ces purs hymens, plus fugitifs qu’un rêve,
Du rayon qui descend, du parfum qui s’élève,
Par le mot qui les peint sont voilés et ternis !
Mais l’hymen de deux cœurs, dans le Seigneur unis,
A nos couleurs encore échappe davantage :
Chaque trait du pinceau le couvre d’un nuage.