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Nous sillonnant le cœur à la même blessure ;
Modulant la souffrance, et, d’effort en effort,
Donnant la mélodie aux frissons de la mort
Et l’ange voit passer, aux feux du tabernacle,
Dans l’accord transparent le douloureux miracle ;
Voit expirer le Christ dans l’hymne agonisant ;
Chaque note distille une goutte de sang-
Dans ce draine complet du Dieu qu’on sacrifie,
Le rythme devient glaive et le son crucifie.
Lève-toi, Pergolèse, en ton ravissement !
Ton âme musicale emplit le firmament.
Et ce foyer sublime, encensoir d’harmonie,
Donne assez de soupirs pour l’église infinie ;
Et l’orgue des sept cieux, plein de tes seuls transports,
Ne s’apercevra pas qu’il a changé d’accords.

Là, ta vue, ô Milton, de ta gloire frappée,
S’ouvre enfin aux splendeurs de ta large épopée.
O mon poëte ! toi, toi le front le plus fier
Sur qui jamais la muse ait posé son éclair,
Front qui consumerait toute, palme éphémère,
Tonnant comme Isaïe et chantant comme Homère !
Front où pour consacrer un poëte béni,
On sent Dieu se mouvoir comme dans l’infini.
Milton !! toi qui plus grand, sus, dans ta force ardente,
Lancer un drame au fond des abîmes de Dante ;
Et peindre en roi puissant son monstre aux dents de fer,
Satan pétrifié servant d’axe à l’enfer,
Jadis, comme une fleur du brouillard se dégage,
L’éternité pour toi dépouillait son image !
Tu regardais ton Dieu, ne pouvant voir que luit
Aveugle illuminé ! viens, regarde aujourd’hui