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Là, les gloires sont sœurs sous l’œil qui les convie,
Là, leur front créateur se lève dans la vie.
Raphaël ! Raphaël ! viens le premier, dis-moi
Si les tableaux d’Éden ne sont pas tous de toi !
O toi ! qui prodiguas tant d’âme à ta palette,
Qu’il ne t’en resta plus pour vivre, jeune athlète !
Toi ! martyr de ce Christ que tu peignais encor ;
Artiste, au Ciel ravi par l’élan du Thabor !
Raphaël !!! La beauté, ce rayon sans mélange
Qui, pour voler vers toi, franchissait Michel-Ange,
Sur la terre autrefois t’inondait de son jour.
Les Séraphins prenaient tes songes pour séjour ;
Tes pinceaux transparents, colorés de prière,
Donnaient à l’art antique un autre sanctuaire ;
Ton œil transformateur, plein d’éclairs inconnus,
Voyait éclore un ange en contemplant Vénus.
Pour toi, comme deux luths aux voix mélodieuses,
La forme et la couleur, ces deux sœurs radieuses,
Semblaient n’avoir qu’une âme, afin que sous le Ciel
On vît passer un homme appelé Raphaël !!!

Tes vierges dans l’Éden se sont donc envolées,
Elles, par tes pinceaux, sur la terre exilées !
Elles qui souriaient d’un sourire si doux
Et qu’on n’osait pourtant adorer qu’à genoux !
Bien plus haut que l’autel où reposait ta cendre,
Elles t’ont fait monter, toi, qui les fis descendre !
Et tu ne comprends plus ton magique pouvoir,
Et ton éternité s’enchante de les voir ;
Et ton ciel s’est peuplé des regards de tes filles,
Et des chastes amours de tes saintes familles.
Les voilà ! les voilà !… leurs beaux groupes sacrés