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De la voix fugitive éternelle peinture,
Nous montre sur la forte et calme architecture,
Sur les socles d’airain, sur l’autel de granit,
L’ibis qui sait cueillir des palmes pour son nid ;
L’ichneumon adoré, l’aigle oiseau de la foudre ;
Les princes dont la mort venait juger la poudre ;
Les constellations dont les feux protecteurs
Guidaient dans le désert la marche des pasteurs ;
Hermès, roi des beaux-arts ; le soleil, roi du monde,
Qui pleure, en larmes d’or, sur le sol qu’il féconde ;
Et, prêtant un langage à tant d’objets divers,
L’alphabet créateur a pour voix l’univers.

La parole, ici-bas, n’a qu’un douteux empire,
Sous nos mots nuageux l’enthousiasme expire,
Le sentiment se glace, et l’âme incessamment
D’une lutte impossible éprouve le tourment.
Comme un homme au cercueil jeté vivant encore,
Elle cherche à sortir de son linceul sonore ;
Et voudrait, remuant, tourmentant son. tombeau,
Des ombres du langage affranchir son flambeau.
Le poëte, lui seul, retrouve en son domaine
Quelques titres perdus de la pensée humaine.
Lui seul peut entrevoir le mystère oublié,
Que suspend l’univers sur l’homme humilié ;
Lui seul peut le traduire en oracles de flamme,
Quand le ciel retentit sous le vol de son âme ;
Quand, de ses pleurs sacrés sa lyre humide encor,
Aux pieds du Dieu vivant monte d’un seul accord.

La vérité, pour nous de tant d’ombres troublée,
Dans la cité de Dieu rayonne immaculée ;