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Eve contre son sein a pressé deux Abel ;
Sémida chante et suit le vol d’Idaméel.
Chastes époux qu’enfin le même ciel rassemble,
Comme deux eiders blancs qui voyagent ensemble,
Ils traversent l’azur des orbes lumineux.
Devant la sainteté des ineffables nœuds,
Cléophanor se lève, et sa voix paternelle
Dominant tous les chants de la fête éternelle :
« Je n’ai pu sur l’Arar ensemble vous bénir ;
« La terre n’avait pas d’autel pour vous unir,
« Mes enfants… et les cieux étaient la basilique
« Où devait s"achever votre hymen symbolique.
« Toi, ma fille, si grande au moment du trépas,
« Eve des derniers jours qui ne succomba pas !
« D’un mortel tout-puissant adorée et servie,
« Aux foudres d’Éloïm quand tu donnais ta vie,
« Ton martyre fécond renfermait dans son sein
« Un prodige nouveau plus immense et plus saint.
« Et déjà de l’exil où gémissaient, tant d’âmes,
« Ta palme en s’allumant faisait pâlir les flammes.
« Car du Dieu créateur doux et puissant bienfait,
« LA FEMME a dû guérir le mal qu’elle avait fait.
« Car autant que les cieux, éternelle et profonde,
« Un âme, en ses vertus, peut racheter un inonde !
« Oui, de deux infinis lien mystérieux,
« Tu fus prédestinée à ton sort glorieux.
« Oh ! ma fille ! c’est toi, c’est toi qui, la première,
« Osas plaindre la nuit, au sein de la lumière ;
« Tu vins vers le Sauveur, tu sondas en esprit
« L’abîme de clémence au cœur de Jésus-Christ.
« Quoique voilé de pleurs durant nos blanches fêtes,
« Ton regard vit plus loin que l’œil de nos prophètes.
« Ainsi qu’à ta guirlande, emblème de douleur,