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Quels serpents s’enlaçaient au lourd bandeau d’épines,
Leurs baisers venimeux sur ses lèvres divines ;
Et la lance en mes mains, la lance au feu vainqueur,
Allumant mon triomphe aux fibres de son cœur.
Viens… »

                     Et déjà l’éclair de l’essence première,
Comme un dais, sur le gouffre, élargit sa lumière ;
Et l’œil d’Idaméel, défiant son ardeur,
A pu, d’un seul regard, sonder sa profondeur.
Qu’y voit-il ?… on ne sait… C’est l’arcane sublime !
Le dernier mot de Dieu lorsqu’il parle à l’abîme !
Et le monarque tremble, et ce front couronné,
Balthazar de l’enfer, se voile prosterné.
Sur sa lèvre d’airain toute révolte expire.
La sentence flambloie aux murs de son empiré.
Lucifer près de lui, sur le sol douloureux
S’agenouille… le Christ vient se placer entre eux,
Et poser, consacrant l’heure où tout se consomme,
Une main sur l’archange et l’autre main sur l’homme !
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Mais l’éclair infini, tout-puissant, éternel,
Même aux pieds du Sauveur dévore Idaméel ;
Il dévore avec lui, tel qu’une tombe ardente,
Les deux amants pleurés par la muse du Dante ;
Il dévore avec lui le grand sphinx et la mort,
Et Satan protégé par mille ans de remord.
En vain le peuple entier du lamentable gouffre
Redemande l’horreur de ses cercueils de soufre,