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De l’Atlas aux vieux monts berceaux neigeux du Rhin ;
Naples prête l’oreille au volcan solitaire,
Qui tient le sort d’un monde en son brûlant cratère :
La fête a suspendu son charme commencé !
Sur l’herbe de Paestum les danses ont cessé.
Avec les chants éclos au cœur de Cimarose,
Le rossignol se tait dans l’ombre du melrose ;
Tous les enchantements se voilent de pâleur
Sous les beaux citronniers qui referment leur fleur,
Où Virgile amoureux baignait dans la rosée
Les tableaux transparents de son frais Elysée ;
Dans ces climats rêveurs, dans cet air embaumé,
Où tout s’oublie, hormis le bonheur d’être, aimé ;
Où la nature est reine, où, comme une autre aurore,
Déroulant dans la nuit ses vagues de phosphore,
Couverte d’alcyons, la mer vient déposer
Sur les fleurs du rivage un lumineux baiser,
Et s’endort mollement sur cette blonde arène,
Tombeau mélodieux d’une antique syrène.
Ainsi le ciel se tait, ainsi l’archange attend,
Pâle et muet autour du prodige éclatant ;
Ignorant s’il va voir, sous l’arrêt implacable,
Cesser l’ordre éternel, changer l’ère immuable.

Bientôt sur les trépieds, sur les vives splendeurs
Qui de la Trinité ceignent les profondeurs,
Un nuage descend, comme en nos jours funèbres
Nous cachons nos autels sous un deuil de ténèbres.
Il descend ; mais de Dieu l’arrêt encor voilé,
Dans ce nuage noir ne s’est point révélé.

On entend sous l’éclair qui ne cesse de luire,