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Pour nous verser leur miel, invite à tes corbeilles
Le radieux essaim de toutes tes abeilles :
Féconde à ta rosée et tes rayons amis,
Tous les germes d’extase en nos cœurs endormis.

Amante de quinze ans, ô jeune poésie !
Viens dénouer sur moi tes cheveux d’ambroisie.
A l’heure où sur mon luth la volupté s’endort,
Sous tes baisers fleuris berce mes songes d’or.
Comme deux gouttes d’ambre en leur rencontre heureuse
Formons de nos deux cœurs une perle amoureuse,
Et sur la couche où l’homme arrive pâle et seul,
Que tes voiles pourprés soient mon vivant linceul.

Poésie, ô bel arbre ! arbre aux feuilles sacrées !
Verse sur mes langueurs tes ombres inspirées.
Quand la clarté s’enfuit du terrestre séjour,
A ton sommet changeant conserve-moi le jour.
De tes baumes divins parfume ma souffrance.
Que mes jours, grain par grain, rosaire d’espérance,
Avec tes visions et tes songes flottants,
Se suspendent légers à tes rameaux chantants.

Poésie, ange saint, force, flamme première !
De la foi qui nous luit fraternelle lumière ;
Illumine ma nuit à ton regard vainqueur ;
Sois le buisson ardent rallumé dans mon cœur,
La parole éternelle, et viens à ton oracle
De ma création compléter le miracle.
Partage, en t’échappant de ton berceau de feu,
Le souffle de la vie avec l’esprit de Dieu.