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Saints nœuds de la famille ! ô mystères puissants,
De l’enfer consolé vous n’êtes plus absents !

O chastes amitiés ! sources jamais taries !
A l’arbre de la croix belles fleurs refleuries !!
Penchants, liens du cœur, habitudes d’aimer,
Entre deux univers prêts à se reformer !
Instincts doux et natifs où l’âme a son domaine,
Instincts bien plus sacrés que la raison humaine,
Saints nœuds de la famille en triomphe attestés,
Rattachez votre chaîne aux bras des rachetés !
Car les veuves du ciel, belles dans leur veuvage,
Devant l’époux perdu découvrent leur visage.
Sémida vole et pleure… Eve, qu’on invoquait,
Vient pour rendre à son cœur la chair qui lui manquait :
« Pardonne-moi, Caïn ; c’est moi… mère funeste,
« Moi qui de mes enfants perdis le pain céleste,
« Et que tu maudissais, de tourments investi,
« Au fond du désespoir dans mon crime englouti !
« Moi qui fis circuler, comme une mauvaise onde,
« Les poisons du serpent dans les veines du monde ;
« Moi, mère du péché, moi, durant dix mille ans,
« Féconde pour l’enfer agrandi dans mes flancs ;
« Car l’ange impur m’avait transmis son héritage,
« Car le sang de la croix, en tombant, se partage :
« Il s’épanche, bienfait de l’ineffable loi,
« La moitié sur Satan, l’autre moitié sur moi.
« 0 mon antique faute ! ô vastes funérailles !
« Tous ces morts sont sortis du fond de mes entrailles !
« Me reconnaissez-vous, sépulcres étouffants,
« Qu’en me fermant l’Éden, j’ouvris à mes enfants ?
« Pour emporter vos maux, pour laver vos souillures,