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Comme une corde d’or sur le luth du poète ;
Et l’extase descend dans leurs orbes d’azur,
Comme au cœur d’un enfant descend un songe pur :
Ils approchent, pareils, sous le charme suprême,
Aux oiseaux innocents qu’ils enchantent eux-même.
En réseau caressant les aspics onduleux
Sur les pieds de la vierge entrelacent leurs nœuds ;
Ivre de volupté, le céraste avec grâce
De son écaille ardente en spirale l’embrasse ;
La vipère à son front se roule de langueur :
Le serpent noir la flatte et s’endort sur son cœur.
Calme et fière, elle sent, de son triomphe heureuse,
Ruisseler sur ses bras la couleuvre amoureuse
Qui l’effleure et l’écoute, et qui vient en glissant,
D’un collier, d’émeraude et d’or éblouissant,
Prêter à sa beauté la vivante parure,
Et d’un dard qui frémit baiser sa chevelure,,
Et sans les profaner d’aucun venin mortel,
Aspirer les parfums de son souffle de miel.
Tels domptés par le Christ, et cités et royaumes,
. Désarmés de poisons, avec tous leurs fantômes,
Sont venus à genoux et d’amour palpitants,
Imprimer sur ses pieds leurs baisers repentants.

Et la croix monte encor, ayant dans sa conquête
L’aurore du salut pour couronne à son faîte ;
Ayant pour fondements, non des rocs déchirés,
Mais des peuples entiers sous le sang attirés,
Et que leur repentir, dont l’éclat les inonde,
A groupés, par étage, à sa base profonde :
Échelle de Jacob aux flamboyants degrés,
Lien qui rapprochait deux mondes séparés.