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« — Oh ! silence ! écoutez, c’est la croix qui se brise.
« — Non, la mer de cristal qui tremble sous la brise.
« —C’est Jésus qui m’appelle, écoutez ses sanglots.
« —C’est la plainte d’un ange attardé sur les flots.
« — Je vois couler son sang de ses deux mains blessées !
« — Ce sont les fleurs de pourpre au palmier balancées.
« — C’est la voix du martyr, c’est le sacrifié,
« Ainsi que dans l’abîme en moi crucifié !
« Vous dont l’œil n’atteint pas jusques à son calice,
« Regardez dans mon cœur pour y voir le supplice !
« La croix retombe aussi sur ce vivant autel ;
« Elle fait de mes flancs un enfer maternel.
« Jéhova, Jéhova !!! »

                                           Sur un signe du père,
Mille anges de la mort vers l’infernal calvaire
Volent, traçant au sein du chaos ébranlé
Le sillon flamboyant de l’astre échevelé.
Et soudain un nuage, une nuit vengeresse,
Qu’un spectre dans ses bras à longs plis roule et presse,
S’étend de Golgotha jusqu’aux rochers d’Hinnon :
C’était l’avant-coureur d’un large tourbillon.
Le tourbillon, heurtant cités et pyramides,
Comme un coursier pressé des éperons numides,
S’élance formidable, et le souffle inconnu
Laisse des monts chargés les ossements à nu ;
Ébranchant les forêts qui flottent sur leurs cimes,
Des rochers aux volcans, des volcans aux abîmes,
Il passe, et l’on dirait qu’ayant rompu ses fers
Le chaos voyageur traverse les enfers !
Des cercueils soulevés il disperse la poudre :
C’était l’avant-coureur terrible de la foudre