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Soulevez, s’il se peut, le fardeau de vos œuvres !
Gigantesque faiblesse, efforts toujours déçus !
Si vous êtes dessous, vos crimes sont dessus.

Et la croix qui montait terrible, et sur l’abîme
De l’un à l’autre enfer balançait la victime,
Retombe, et le roc tremble, et dans l’air gémissant
L’arc de la chute immense a ruisselé de sang !

Sur la tour de Babel, sinistre observatoire,
Le sphinx se pose et jette un rire de victoire,
Chaque fois que le mont, sous la chute ébranlé,
De ses dents de granit mord le Dieu mutilé ;
Et les treize cités se retournent béantes,
Du côté d’où leur vient la nuit des épouvantes.
Leurs basilics de bronze adossés aux piliers,
Par la spirale en feu des larges escaliers
S’élèvent jusqu’au faîte, et noires sentinelles,
Sur l’œil mourant du Christ attachent leurs prunelles.
Chaque siècle maudit, sur un dôme arrêté,
.Lance un cri d’anathème au Dieu précipité.
Les rois barbus, sculptés sur les tours octogones,
Le menacent du sceptre où dragons et gorgones
Sont venus, pour mieux voir, s’enlacer en réseau,
Et que l’éternité tailla sous son ciseau.
« Le voilà, disent-ils, l’exilé volontaire !
« Son martyre impuissant ne peut quitter la terre ;
« Et sans mouiller nos pieds, tout son sang aujourd’hui,
« Ne baigne qu’un rocher stérile comme lui !!! »

Et la croix qui montait terrible, et sur l’abîme
De l’un à l’autre enfer balançait la victime,