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Il fut une cité, Babel occidentale,
De l’empire du mal immonde capitale,
Qui, sous les pas vainqueurs de Jésus, autrefois,
Sur le sol calciné croulant de tout son poids,
Couvrit confusément de ses larges décombres
Trois royaumes entiers du monarque des ombres ;
Et là, dans un débris énorme, les démons
Vont tailler une croix égale aux plus grands monts ;
Egale à la hauteur de ce second mystère,
Fardeau qui changerait l’axe de notre terre.

Ainsi nous pénétrons dans les cités d’Isis,
Où sur l’autel tombé les siècles sont assis ;
Où le moindre fragment des débris qu’on admire
A toute la grandeur de Thèbe et de Palmyre :
Travaux d’un autre monde, et restes éclatants
—Dont chaque pierre enferme une énigme des temps.
Parmi ce vaste amas, chaos sans harmonie,
Mais d’où s’élance encor le soleil du génie,
Notre œil s’étonne, admire, hésite, et vient chercher
Le bloc qu’à son berceau nous voulons arracher.
Déjà l’Arabe en foule autour de lui s’amasse.
Luttant contre les dieux qui roulèrent sa masse,
Le fer, les madriers et les câbles noueux,
Bandelettes autour du débris monstrueux,
Emprisonnent la pierre en leurs plis endormie,
De gloire et de granit gigantesques momies.
Les flots jusqu’à ses flancs viennent de s’avancer ;
L’ancien dragon du Nil, la regardant passer,
S’indigne… il croit déjà voir, pour parer nos trônes,
Descendre vers la mer toutes ses Babylones ;
Et nous osons dresser l’obélisque immortel