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De sa quille, en plongeant, heurte le fond des mers,
Puis remontant avec la vague qui l’emporte
Retrouve dans les cieux la tempête plus forte’ ;
Ainsi dans son orage Idaméel plongé,
Flotte à toutes les voix dont il est assiégé. .
Que feras-tu, géant ? la vierge qu’une aurore,
Pour le printemps d’amour sur ton cœur fit éclore,
Sémida, voix qui chante un hymne de Sion,
Dans ton noir océan, comme un nid d’alcyon ;
Sémida, répétant, concert mélancolique !
Ton nom de criminel sur la lyre angélique,
A demandé ta grâce ; elle prie, elle attend…
Oh ! réponds par tes pleurs qu’Idaméel entend ;
Laisse tes pleurs, lavant ton âme ténébreuse,
Tarir au fond du ciel ceux de la bienheureuse.
Ne dis pas au soleil dont un rayon te luit :
— Je ne t’aperçois pas… Mes regards sont la nuit ! —
Idaméel !!! espoir trompeur, lutte impuissante…
Du rocher de l’orgueil la masse est trop pesante,
Faible athlète, et tu sens, sous ce fardeau d’airain,
Le germe du salut expirer dans ton sein,
Comme une nuit féconde en funérailles,
La mère sent son fruit mourir dans ses entrailles.
Une seconde fois tu viens de succomber.
L’aigle qui t’emportait te laisse retomber !
Il se change en vautour altéré de souffrance,
Interrompt vers le ciel son sillon d’espérance,
Et va se perdre au loin dans l’orage croissant,
Qui sur le Golgotha fera pleuvoir le sang.