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Sa robe de lumière a pâli sur son sein ;
Le soleil de ses pieds a pris son deuil divin ;
Et sur son front penchés, les douze anges de flamme
Conforment leur étoile aux pensers de son âme.

Silence !!! La voilà, la mère du seul fils,
Du seul enfant de Dieu qui manque au Paradis.
Silence !!! La voilà, l’inconsolable reine.
Tous les saints, à genoux, ont adoré sa peine,
Et baisé sur ses pas ses voiles épanchés,
Et dans leurs longs plis blancs les miracles cachés.
Voyez comme en son cœur sa douleur se retire,
Sous son pur manteau bleu de reine et de martyre.
Grandissez pour la voir, arbres du firmament !
Et rouvrez sous ses yeux vos fleurs de diamant,
Afin de recueillir, s’il se peut, pour ondée,
Le flot des chastes pleurs dont elle est inondée.
Regardez, regardez, ô femmes de Sion !
Et redoublez après de lamentation.
Ses deux bras maternels, croisés sur sa poitrine,
Enfoncent dans son cœur la couronne d’épine,
Seul gage de son Fils à sa douleur resté,
Dont chaque fleuron porte un monde racheté ;
Trésor de nos autels, trésor dont la lumière
Entoura de rayons l’espérance en prière ;
Touché par nos remords, baisé par nos douleurs,
Sous le pardon du Père et sous un ciel de pleurs.
Don sacré ! travaillé de grâces et d’oracles,
Et durant six mille ans tout usé de miracles !!!

Or, sous ce cher fardeau, Marie, avec douceur,
A sainte Madeleine a dit : — Venez ma sœur. —