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S’épanchent des hauteurs qui dominent la terre
L’Amazone, arrachant aux entrailles de l’or,
De son sable enrichi l’étincelant trésor ;
Les lacs, où le mont Blanc jette les avalanches
Qui s’écroulent le long de ses épaules blanches ;
Le Nil où, pour peupler ses temples odieux,
L’Égypte en ses filets allait prendre des dieux ;
Et l’Euphrate, miroir des vierges d’Arménie ;
Et le Mélès donnant son doux nom au génie ;
Et le Tibre qui vit la Rome d’autrefois,
Que tant de Jupiters écrasaient de leur poids,
Sous les souffles du Nord tomber comme un vieil arbre,
En jetant dans les flots son Olympe de marbre.
Tous ces fleuves, ces lacs, ces torrents, ces ruisseaux,
Portent, de chute en chute, au sein des grandes eaux,
Leurs flots roulants, puisés au berceau des nuages
Et grossis en passant sous l’urne des orages.
Ainsi tous les tourments que l’enfer peut sentir,
Dans l’âme de Jésus sont venus s’engloutir.

Enfin l’ange chanta dans la haute demeure :
« L’agonie a passé pour toi sa première heure,
« Cette heure si féconde en douloureux bienfaits,
« Emportant dans son vol dix mille ans de forfaits. »



Mais bientôt, réveillés de caverne en caverne,
Les péchés, se dressant, entr’ouvrent leur œil terne ;