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Et la moire aux plis purs, sur leurs pieds blancs croisée,
Où scintille dans l’or la perle opalisée,
Et ces voiles légers, flottants, inaperçus,
Qu’en passant dans l’éther une étoile a tissus.
Chérubins dévoués à des splendeurs funèbres,
Anges brillants que Dieu transfigure en ténèbres,
Que le juge demande, et qui ne savent pas
Contre qui vont marcher les anges du trépas.
Chaque rayon se voile et chaque fleur se fane,
Et leur robe a perdu son printemps diaphane ;
L’éclair de leur regard s’éteint… leur aile en deuil,
Ressemble aux longs draps noirs qui, sur un haut cercueil
Où la gloire a posé des fleurons et des armes,
Flottent au catafalque avec leurs blanches larmes.
A travers cette nuit, présage de malheur,
Leur front triste et terrible a dressé sa pâleur.
En tonnerres plaintifs l’orgue du sanctuaire,
Accompagnant le bruit de leur vol mortuaire,
D’un deuil majestueux voile ses saints transports.
Tout l’orchestre divin, sous un crêpe d’accords,
Gémit en leur présence, et, plus lent d’heure en heure,
L’arpège nuageux avec leur âme pleure.
La coupole d’Eden comme un miroir d’Ophir,
Réfléchit leur fantôme en son large saphir.
La tristesse avec eux, signal de grands désastres,
Pour remplir les sept cieux passe d’astres en astres.
Pareils à ces oiseaux de nuit, malheurs errants,
Dont l’aile obscure bat nos vitraux transparents,
Sur l’autel des parfums ils renversent les vases ;
Volent, plaintive éclipse, à travers les extases ;
Longtemps sans s’arrêter, comme un peuple banni,
Ils tournent en pleurant autour de l’infini.